Les associations de promotion des droits de la femme reviennent à la charge à l’occasion de la journée mondiale du droit à l’avortement ce 28 septembre.
Méconnaissance de la réalité. Quatre mois après que le texte sur l’interruption thérapeutique de grossesse ait été retiré de l’ordre du jour à l’Assemblée nationale, les associations de promotion des droits de la femme reviennent à la charge. Quoi de mieux que la journée mondiale du droit à l’avortement pour relancer le débat. Une exposition s’est tenue dans le hall de l’Hôtel de ville pour informer sur la réalité à peine voilée de l’avortement à Madagascar. A peine voilée mais finalement méconnue, selon Mbolatiana Raveloarimisa du mouvement Nifin’Akanga. Elle estime justement que le refus des gens de discuter de ce sujet peut s’expliquer par une méconnaissance de la réalité. « C’est pour cela que nous avons organisé cette exposition avec des photos qui se veulent choquantes. Nous invitons les membres de l’Assemblée nationale à venir voir de quoi il en est », explique-t-elle.
En effet, le texte sera de nouveau proposé à l’Assemblée nationale à la prochaine session parlementaire. Les associations espèrent que cette fois-ci, les députés pourront enfin débattre. « Ce que nous attendons c’est que le texte entre dans l’ordre du jour lors de la prochaine session pour les députés puissent apporter leurs améliorations. C’est à cela que sert le débat. Pour voir ce qu’il faut ajouter ou retirer dans le texte afin que le projet puisse être adopté », poursuit Mbolatiana Raveloarimisa. Pour sa part, l’activiste Francia Razafitsiarovana indique que la proposition de loi n’a pas été retouchée. Elle annonce toutefois que les associations comptent accentuer le lobbying jusqu’à la session. L’exposition de ce jour entre justement dans cette optique.
Avortement encadré et sécurisé
Il est à noter que le texte autorise l’avortement pour motif médical afin de sauver la vie de la mère si celle-ci est menacée par la grossesse. Elle l’autorise également si le fœtus présente des risques de malformations graves. Enfin, le texte permet l’avortement en cas de grossesse à la suite d’un viol ou d’un inceste. « Quand une femme procède à une interruption de grossesse, il est important de suivre l’évolution de son état de santé pour éviter les complications. Ce qui ne peut pas être fait car c’est interdit par la loi », avance Francia Razafitsiarovana.
Malgré le risque qui pèse sur le corps médical, des médecins pratiquent l’avortement dans l’intimité de leur cabinet. C’est le cas d’un gynécologue qui affirme le faire pour aider les femmes notamment les jeunes. « Il arrive que je prenne en charge des patientes qui ont eu des complications en se faisant avorter ailleurs », déclare-t-il en ajoutant qu’à la fin de chaque intervention, il en profite pour prodiguer des conseils en matière de contraception. Les opposants à l’ITG craignent que la proposition de loi n’ouvre justement la voie à la légalisation de l’avortement. L’élue Ny Aina Rafenomanantsoa, fervente opposante au texte, indique que cela n’est pas compatible avec la culture et les valeurs malgaches.
Tolotra Andrianalizah