Sur trente-deux ministères, celui de l’Economie et des finances est le seul à ce jour à avoir validé sa politique interne de lutte contre la corruption d’après le rapport annuel du Comité de sauvegarde de l’intégrité. Mais de quoi s’agit-il ?
La présidente du Comité de sauvegarde de l’intégrité Sahondra Rabenarivo a souligné l’importance des politiques interne de lutte contre la corruption (PILCC) lors de la présentation du rapport annuel du comité. Si la mise en place de ces politiques est inscrite dans la loi sur la lutte contre la corruption, seul le ministère de l’Economie et des finances (MEF) a vu sa politique validée. Huit politiques sont en cours de validation peut-on lire dans le rapport 2022.Â
Le directeur de l’audit interne du MEF Tolotra Raharijaona indique que l’élaboration de la PILCC a été un défi majeur compte tenu de la taille du ministère. C’est au sein de sa direction, dans le service de lutte contre la corruption (SLCC) créé à cet effet, que la rédaction de la politique a été pilotée. Le chef du service Dimby Ranoelimanana souligne que le ministère compte dix départements. « Nous avons adopté une approche participative en appelant des représentants de chacune de ces entités. Cela nous a pris près d’un an pour identifier ce qu’on doit mettre dans la politique interne et comment comprendre la lutte contre la corruption », explique-t-il. En résumé, l’équipe du SLCC a analysé les risques recueillis auprès des représentants de ces départements. « Le SLCC  a hiérarchisé les risques pour sortir un axe stratégique qui est la base de la politique de lutte contre la corruption. A partir de ces réunions on a pu dresser une cartographie des risques. Le SLCC a ensuite finalisé la politique interne avec l’aide du Bianco toujours sur la base de cette cartographie des risques », précise Tolotra Raharijaona qui ajoute que la lutte contre la corruption est un consensus. « Cela doit venir de tout un chacun. Cela ne s’impose pas. C’est pour cela qu’on a multiplié les réunions pour sa mise en place », résume-t-il.
Dispositif de dénonciation
Il est à noter que la loi sur la lutte contre la corruption précise que le Bianco a pour obligation d’appuyer et d’accompagner les ministères dans la démarche. Une convention a été signée entre le MEF et le Bianco en septembre 2022 pour la mise en œuvre de la PILCC pour une durée de trois ans, ponctuée par une évaluation. Le directeur de l’audit interne souligne toutefois qu’une évaluation à mi-parcours est prévue. Lors de la signature de la convention, le directeur général du Bianco Laza Andrianirina a déclaré que l’engagement du MEF est un signal fort dans la mesure où la corruption est surtout une question d’argent.
Pour Tolotra Raharijaona, il est d’autant plus important de renforcer la lutte contre la corruption au sein du MEF car il s’agit d’un ministère où les interactions sont les plus nombreuses que ce soit avec le secteur privé pour les impôts ou avec les fonctionnaires pour le paiement des salaires. Outre les efforts de dématérialisation déjà entrepris par le MEF dans le traitement des dossiers, la PILCC prévoit la mise en place de dispositif de dénonciation de la corruption. « Il est possible de signaler des faits de corruption de plusieurs manières dont en ligne, indique le directeur de l’audit interne. Sinon, nous avons aussi la satisfaction des usagers à travers les traitements des doléances. Si des faits de corruption sont avérés, nous informons directement le Bianco ». Â
Concrètement, la première tâche inscrite dans la PILCC est la mise en place des structures anti-corruption (STAC) au sein des différents départements centraux et de leurs démembrements au niveau local. Le SLCC fait alors office de STAC ministériel et se charge de coordonner les actions. Dimby Ranoelimanana indique qu’une centaine de STACs devraient être créées d’ici la fin de l’année. Parmi les autres volets principaux de la politique figurent l’éducation et la sensibilisation sur la lutte contre la corruption aussi bien pour les agents du MEF que des usagers mais également l’élaboration et la vulgarisation des codes de conduites et de déontologie.
Tolotra Andrianalizah