Signataire du protocole de Maputo, Madagascar n’a toujours pas ratifié le texte qui garantit les droits des femmes et des jeunes filles 20 ans après.
A l’occasion du 20ème anniversaire de la signature du protocole de Maputo, les organisations de la société civile qui oeuvrent dans la promotion des droits des femmes et des jeunes filles entendent une fois de plus faire entendre leur voix pour que Madagascar ratifie le texte. Le protocole de Maputo ou le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique signé le 11 juillet 2003 est instrument juridique qui vise à renforcer la protection et la promotion des droits des femmes en Afrique. Il comporte 32 articles qui ambitionnent d’adresser les défis auxquels les femmes sont confrontées dans le contexte continental.
Mais s’il s’agit de la promotion des droits des femmes, pourquoi ne pas ratifier ? La réponse tient en un article selon la présidente du Conseil national des femmes de Madagascar Marie Estelle Andriamasy : l’article 14. Le protocole veut en effet que « les États prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fÅ“tus ». Les intentions d’évoluer sur ce front se sont toujours heurtées à un bloc compact de conservateurs influents.  Â
Sujet tabou
Il s’agit d’un sujet houleux sur lequel, même la première dame Mialy Rajoelina ne s’est pas positionnée. Pourtant très en vue dans la lutte contre les violences basées sur le genre, la femme du président de la République s’est murée dans le silence lorsque les débats autour de l’interruption thérapeutique de la grossesse (ITG) ont fait rage en 2022. D’un côté l’élue de Tsihombe Masy Goumaly et de l’autre l’élue du troisième arrondissement d’Antananarivo Aina Rafenomanantsoa alias Anyah, toutes deux sous la bannière de la majorité présidentielle, ont affiché leurs points de vue diamétralement opposés sur l’ITG. La première avait déposé un projet de loi dépénalisant l’ITG à l’Assemblée nationale tandis que la seconde avait mené la fronde contre le texte qui ne sera finalement pas débattu à Tsimbazaza.
Les opposants au texte mettent en avant les valeurs chrétiennes et malgaches sur le respect de la pour empêcher que la loi ne passe. En face, les organisations de la société civile attirent l’attention sur les femmes qui perdent justement leur vie chaque année à cause des avortements clandestins. La ratification du protocole de Maputo obligerait Madagascar à se conformer à l’article 14.
Tolotra Andrianalizah