Travailler dans l’informel ne confère aucune couverture sociale. C’est courant chez les travailleurs indépendants en milieu urbain et surtout en milieu rural. Un accident peut ainsi s’avérer problématique pour la subsistance.
Justin a 36 ans. Il travaillait dans la construction avant qu’un accident ne lui enlève l’usage de ses jambes. « Des morceaux de bois étaient tombés sur mes jambes. L’une de mes chevilles a été sévèrement touchée. Depuis, je ne peux me déplacer que de cette façon », raconte-t-il, juché sur ses genoux avec des bouts de pneus rembourrés et des lambeaux de tissu comme protection.
Manœuvre dans les petits chantiers à Toamasina, il a appris, comme plusieurs de ses pairs, le métier de charpentier et de maçon sur le tas. Durant son existence, Justin n’a donc jamais cotisé pour aucune couverture sociale quelle qu’elle soit. Après son accident, il est revenu dans son village à Fiherenana, à 55 km de la ville du port sur la RN2.
Rente d’invalidité
Comme moyen de subsistance, Justin cultive son champ de manioc. Pour cela, il doit faire quelque 15 km en aller-retour, littéralement sur les rotules. « Je peux encore travailler », lance-t-il sur un ton de défi. Il tire également des revenus de la vente d’articles en raphia qu’il confectionne lui-même. « Je vends des sandales, des plateaux ou encore des sous-couverts en raphia », explique-t-il. Il affirme toutefois souffrir de la fermeture de la route nationale à cause du coronavirus.
Le cas de Justin ramène à l’importance d’une couverture sociale. Les travailleurs formels du privé affiliés à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNaPS) ont droit à une rente d’invalidité en cas d’accident de travail dont le montant est défini selon le taux d’incapacité et la durée de cotisation. Mais qu’en est-il de ces nombreux paysans qui vivent de l’agriculture et de l’élevage et ces autres travailleurs opérant dans l’informel ?