A Madagascar, chaque ethnie a son identité socio-culturelle. S’il y a un attribut parfois oublié ou vu comme insignifiant pour certains, mais qui permet pourtant de le définir, ce sont les tombeaux.
Haut de 150 cm, des toitures en Ravinala, des piliers et murets en bois bruts grisâtres longtemps lessivés par l’eau... Ressemblant à première vue à des abris, les « Trano Manara » ou maison sainte permettent de distinguer ces tombeaux généralement à quelques mètres de la chaussée sur la nationale 5 reliant Toamasina à Soanierana Ivongo. Malgré l’évolution des constructions, les tombeaux prônent encore aujourd’hui toute une identité socio-culturelle dans cette partie de Madagascar.
Rattachés à la forêt, dans la vie comme dans la mort
 « Auparavant, quand la région était encore recouverte de forêts, il a fallu marquer les tombeaux », explique Michel, Tangalamena ou gardien des valeurs dans le village de Vohitamboro. Pour cela, les anciens ont choisi d’ériger des Tranon-drazana ou Trano Manara, ou maison sainte sur les tombeaux.
Rattaché à la nature, dans la vie comme dans la mort, les Betsimisaraka ont ainsi conçu les Tranon-drazana avec les mêmes matériaux que pour la construction d’une maison. « Comme nous habitons dans la forêt, les tombeaux sont réalisés avec des matériaux recueillis dans la forêt. Mais pour les tombeaux, certains bois sont à éviter comme le voarotra ou jamelonier », souligne-t-il.Â
Tranon-drazana ou maison pour les morts
A l’identique des habitations, ces « Trano Manara » ou « Tranon-drazana » servent quelque part à reconnaître le lieu où se reposent les défunts. « C’est dans ce sens que la création des Tranon-drazana est imaginée de sorte à ce qu’ils ressemblent à une habitation », explique Dahina Vincent, Tangalamena à Mahavelona Foulpointe. Mais ces maisons saintes servent également à autre chose, notamment lors des fêtes en l’honneur des morts ou lors de l’enterrement.
A l’enterrement, les affaires du défunt et surtout celles dont il ne se séparait jamais durant sa vie, sont laissés sous le « trano manara ». On y trouve entre autres des casquettes, des habits et même des peignes à cheveux… Chaque année, à la fête des morts ou « Tsaboraha », les familles des défunts viendront déposer des offrandes et des fleurs sous les Trano Manara.
A côté des tombeaux, un totem et un autel servent lors de la fête de morts. Les descendants des défunts tuent un zébu et font une offrande sur l’autel à l’honneur de leurs ancêtres, le crane du chaque zébu sera ensuite placé sur le totem. Â
Lire aussi :
Carnet de voyage : le trano falafa, emblème oublié de l’Est de Madagascar