Les Malgaches sont passés par des bas à des très bas en 2020 avec la pandémie. Les problèmes vont au-delà du sanitaire. Pour 2021, c’est l’incertitude qui prédomine avec plusieurs interrogations toujours liée à l’évolution de la Covid-19.
Scandales en série
La Covid-19 a révélé et/ou exacerbé les maux qui rongent le pays depuis plusieurs décennies. Le premier est l’absence de protection sociale avec entre autres la perte de revenu engendrée par le confinement. Nombreuses ont été les familles qui du jour au lendemain ont vu leur revenu amputé. Sans allocation proprement dite, des personnes, même travaillant dans le formel, ont été livrées à leur sort. Autre fait marquant, la corruption. La gestion de la Covid-19 a été émaillée de plusieurs scandales à l’image des affaires « bonbons sucettes » et « écrans plats » qui ont fait couler beaucoup d’encre. Mais au-delà de ces affaires, la corruption a visiblement été généralisée à en croire la dernière édition du magazine d’investigation Trandraka qui ouvre sur le titre : « Madagascar face à la Covid-19 : l’envers du décor ». Â
Une minute de silence pour le tourisme
40 000 emplois directs. 300 000 emplois indirects (selon la Confédération du tourisme de Madagascar). Le tourisme a été le plus touché par la Covid-19. La fermeture des frontières a sonné le glas du secteur. A quelques jours de 2021, le secteur est toujours dans l’expectative. L’incertitude est reine avec une pandémie qui persiste dans les pays émetteurs.
Les conséquences de la pandémie sont allées largement au-delà des problèmes sanitaires. L’économie n’est pas restée indemne avec une récession évaluée à 3.8% selon la Banque centrale de Madagascar. La chute des exportations, avec la suspension des activités d’Ambatovy et la reprise incertaine des commandes pour les entreprises franches ne présagent rien de bon sur le front de l’Ariary. Entre janvier et décembre, l’Euro est passé de 4 000 à environ 4 700 ariary. Pessimistes, des économistes avancent que la barre fatidique des 5 000 ariary pourrait être atteinte. Â
Kere, encore et toujours
La famine dans le Sud a une nouvelle fois fait parler d’elle cette année avec son lot de photos chocs. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime à 1.5 millions, soit la moitié de la population de la région, le nombre de personnes qui ont besoin d’une assistance alimentaire d’urgence. Les contraintes liées à la Covid-19 n’ont rien arrangé. Pour le PAM, ce nouvel épisode du kere met en évidence l'ampleur de l'insécurité alimentaire à Madagascar, où près de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique ou de retard de croissance.
Dans son allocution lors de la présentation de la note de conjoncture économique, la représentante résidente de la Banque mondiale à Madagascar Marie-Chantal Uwanyiligira a indiqué qu’il ne faut pas gaspiller une crise. « Il faut l’utiliser pour rebondir, pour accélérer les réformes … des reformes qui font la différence ».
Tolotra Andrianalizah